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Wednesday, July 12, 2006

L'AFRIQUE ET LA COUPE DU MONDE - L'IMAGE DE L'AFRIQUE DEJA EN QUESTION

L'Afrique du Sud espère être à l'heure pour le Mondial 2010
LE MONDE | 10.07.06 | 16h53 • Mis à jour le 10.07.06 | 16h53

lors que la Coupe du monde battait son plein en Allemagne, un vent de panique a soufflé sur l'Afrique du Sud. Des rumeurs insistantes laissaient entendre que le Mondial 2010 pourrait échapper au pays de Nelson Mandela. Selon le journal The Rapport, la FIFA serait inquiète du manque de transports et de logements, ainsi que de la criminalité et du sida en Afrique du Sud. Elle envisagerait même de déplacer le prochain Mondial en Australie.


"C'est absolument faux, à 100 %. Il n'y a aucun plan de secours", a affirmé Michael Palmer, chef du bureau de la FIFA en Afrique du Sud. "Nous démentons catégoriquement, totalement." Même démenti côté sud-africain. Pour Danny Jordan, président du comité national d'organisation, tout cela est "risible". "C'est un non-sens total. Qu'est ce qui a changé depuis que l'on nous a attribué la Coupe du monde, pourquoi soudainement devrions-nous la perdre ? J'ai entendu parler de ces rumeurs et, franchement, je m'en moque", dit-il.

L'Afrique du Sud a le privilège d'organiser la première Coupe du monde du continent africain. Un défi colossal qui met en jeu l'image de l'Afrique tout entière. Si la FIFA n'a pas apparemment l'intention de priver l'Afrique du Sud de cet événement planétaire, il n'en reste pas moins que la situation, sans être catastrophique, est préoccupante.

Les transports. La compétition va se dérouler dans neuf villes, dont certaines sont très éloignées les unes des autres. Il y a environ 580 km entre Johannesburg et Durban, 1 760 entre Durban et Le Cap, 1 600 entre Le Cap et Johannesburg. Il est envisagé que, pendant la première phase, les différents groupes se voient attribuer un stade et n'en bougent pas avant la phase finale. Si le réseau aérien fonctionne correctement, avec des aéroports de classe internationale, le réseau ferroviaire nécessite d'importantes rénovations.

Mais le plus difficile sera certainement le déplacement à l'intérieur même des villes. Dans trois d'entre elles, Nelspruit, Polokwane et Port Elisabeth, il n'y a quasiment aucun transport public. Dans les autres villes, même en temps normal, ils sont extrêmement chaotiques. Les Sud-Africains se déplacent dans leur grande majorité dans des minibus, appelés "taxis", toujours bondés, réputés pour leur conduite dangereuse et leur manque d'entretien. Le parc devrait être entièrement renouvelé d'ici à 2010.

Le trafic routier dans les grandes métropoles est déjà complètement congestionné. Quant au grand projet du "Gautrain", le train rapide qui reliera Pretoria à Johannesburg en passant par l'aéroport, il est désormais de notoriété publique qu'il ne sera pas achevé en 2010. Le ministre des finances a prévu d'investir 3,5 milliards de rands (4,3 millions d'euros) dans les transports d'ici à 2010.

La sécurité. Johannesburg a la réputation, pas totalement usurpée, d'être la "capitale mondiale du crime", et le reste du pays n'est pas épargné par la violence. Chaque année, on compte plus de 18 000 meurtres, soit 50 par jour, 55 000 viols, plus de 6 par heure, et près de 280 000 cambriolages. La police nationale est débordée, et les sociétés privées de sécurité font fortune. Ces dernières années, selon les statistiques officielles, la criminalité était en baisse constante, mais, depuis quelques mois, la police note une recrudescence de la violence.

Dans son plan de rénovation du centre-ville, la municipalité de Johannesburg a prévu d'équiper tout le quartier autour du stade d'Ellis Park de caméras de surveillance. Un système qui a fait ses preuves dans le reste du centre-ville, où la criminalité a été quasiment éliminée.

Quelques précautions de base devraient protéger les visiteurs, comme ne pas se promener seul, ne transporter aucun objet de valeur ni traîner dans les rues la nuit, rouler vitres fermées en veillant à ne pas être suivis. Pas question, en particulier au centre-ville de Johannesburg, de traîner dans les rues après les matches. A la FIFA, Michael Palmer se veut rassurant. Il estime que "la perception de la situation n'a rien à voir avec la réalité".

Le logement. Alors que la FIFA avait estimé que la capacité hôtelière du pays était suffisante, certains experts disent aujourd'hui qu'il manque environ 120 000 chambres. Lors du Sommet de la Terre en 2002, organisé à Johannesburg, certains participants ont dû loger à 150 km du centre de conférences. Déjà les habitants de quartiers chics des grandes villes prévoient d'ouvrir leurs portes, contre euros et dollars, pour la durée du Mondial. La plupart des villes organisatrices disposent d'hôtels de très bon standing et d'une myriade de bed-and-breakfast. Seule la ville de Polokwane n'a pour le moment aucune infrastructure hôtelière adéquate.

L'électricité. Malgré les dénégations du gouvernement, l'Afrique du Sud risque dans les années à venir de se trouver face à un déficit de sa production électrique. En cause : le manque d'anticipation sur l'augmentation de la consommation, le retard dans la construction de nouvelles centrales thermiques, et la grande vétusté du réseau. Chaque hiver, entre juin et août, le pays connaît des interruptions de service à répétition. Le maire du Cap a prévenu que la Coupe du monde ne pourrait avoir lieu dans sa ville si la capacité de production n'était pas augmentée rapidement.

Le sida. L'argument concernant la pandémie, évoqué dans l'article de Rapport, ne semble pas bien consistant. Certes l'Afrique du Sud est l'un des pays les plus touchés au monde, avec plus de 6 millions de séropositifs, mais les visiteurs savent ou doivent savoir comment se protéger.

Les stades ne sont pas pour le moment un souci majeur. Dix ont été sélectionnés, cinq doivent être construits, cinq autres rénovés. Hormis quelques polémiques au Cap où la nouvelle municipalité, d'opposition, émet des réserves et tergiverse sur la construction du stade de Green Point, tous les travaux devraient débuter comme prévu dès la fin de la présente Coupe du monde.

Il y a un facteur sur lequel les Sud-Africains n'ont aucune prise : le climat. Le mois de juin est le plus froid de l'année. A Johannesburg, située à plus de 1 700 m d'altitude, dès que la nuit tombe, vers 17 h 30, la température chute brutalement, d'une vingtaine de degrés, pour atteindre 0 oC, voire moins. Le climat est plus doux au Cap ou à Durban, mais pour les matches à Johannesburg - dont la finale -, les supporteurs devront prévoir moufles et passe-montagne...

Fabienne Pompey (Johannesburg, correspondante)
Article paru dans l'édition du 11.07.06

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